POLLIAND Daniel

SCULPTURE

En quelques mots

Par Alain Penel, journaliste

Comme tous ses confrères, Daniel Polliand a d'abord payé son tribut: apprentissage recherches atermoiements. Puis, un beau jour, il a trouvé.

Quittant le troupeau, il a commencé à sculpter ce qui allait devenir sa tribu. A quoi attribuer cette métamorphose ?

L'artiste raconte qu'il la doit à la lecture d'un livre fantastique. Il avait travaillé jusque là en respectant le code du parfait sculpteur. Il découvrait tout à coup qu'il pouvait aussi exprimer ce qui préexistait en lui sans a priori ni convention, en ne sachant pas ce qui jaillirait de la pierre.

Il en sortit des personnages mixtes souvent mi-femmes mi-animaux, à la pose hiératique et provocante, et comme déliés du temps et des avatars qui s'y rattachent".

Le travail de Daniel Polliand s'apparente à celui du romancier à qui les personnages à peine nés, échappent aussitôt pour accomplir leur destin.

A la précision près qu'ici, dès que le cordon ombilical avec l'artiste est coupé, ces sculptures, restant dans l'imaginaire, se mettent à vivre une histoire entre elles et avec les autres.

Par Bernard Zumthor, historien de l'art

Issu d'un milieu artistique, Daniel Polliand a reçu sa formation initiale à l'école des Beaux-Arts, qui deviendra en 1971, l'Ecole Supérieure d'Art Visuel de Genève.

Lauréat de nombreux prix et bourses, il expose en Suisse, en France et en Allemagne, et a réalisé d'importantes commandes publiques, notamment à Genève. Son œuvre très riche est restée, depuis ses débuts, d'une parfaite originalité. Daniel Polliand est un de ces rares artistes actuels qui a su préserver son authenticité en se défiant des modes saisonnières, particulièrement de celles qui voudraient que l'art contemporain fût un "style" dont la compréhension ne serait accessible qu'aux seuls initiés. Cette originalité se traduit dans une création tout en pulsion vitale, nourrie d'un imaginaire très personnel, foisonnant, humoristique, poétique, mais aussi d'une culture formelle sans frontières.

Dans le bestiaire fantastique de Polliand se lisent en effet autant l'expérience visuelle du grand voyageur qu'il fut, des forêts amérindiennes à la plaine du Deccan, que les fantasmes roboratifs d'un homme libre.

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